Militant et penseur de quoi? Militant depuis les années 1970 déjà contre certaines oppressions inter-humaines – contre le racisme et le sexisme, pour faire court – mais surtout, depuis 1988 environ, contre cette oppression majeure qu'est celle qui frappe les animaux non humains.
Mais j'ai aussi développé, depuis plus longtemps encore, une vision du monde assez particulière.
Je suis antispéciste. Je milite pour l'abolition de la viande.
Je suis utilitariste. Je ne crois pas en l'identité personnelle. Je crois au caractère objectif de la sentience.
Je ne crois pas que notre conception actuelle du monde physique – c'est-à-dire, du monde tout court – soit la bonne. Je crois que la physique a encore beaucoup à évoluer, en particulier pour pouvoir rendre compte de la sentience; voire, pour rendre compte de ce que cela veut dire, simplement, d'exister, y compris pour les objets non sentients comme les tables et les chaises.
Je suis athée, c'est-à-dire que je pense que toutes les religions qui postulent l'existence d'un dieu sont factuellement dans l'erreur et aussi, dès lors qu'elles incites à l'adoration de ce dieu, moralement répugnantes. Je ne suis cependant militant de l'athéisme que dans la mesure, variable selon les religions et les attitudes, où j'estime les croyances en question nuisibles.
Je suis progressiste, ce qui veut dire que j'estime possible un progrès important de l'état du monde; mais je ne suis pas révolutionnaire, parce que je crois pas qu'un tel progrès puisse se faire en un «grand soir» qui amènerait à la «fin de l'Histoire». Cf. mon intervention «L'antispécisme est-il révolutionnaire?» aux Estivales de la question animale.
J'ai très tôt été passionné de sciences. J'ai voulu refuser de manger les animaux quand j'avais environ huit ans, mais on m'a forcé; la question est restée centrale dans mes préoccupations pendant plusieurs années. Je pensais que plus tard, je lutterais pour que le monde cesse de manger les animaux (en me posant aussi le problème de la prédation). J'ai cependant fini par oublier tout ça à l'adolescence, âge conformiste.
J'ai fait une scolarité brillante en maths et en physique, obtenant en 1974 le 2e prix au Concours Général de physique (et un 1er accessit au Concours Général d'anglais). J'ai fait deux années de classes préparatoires au Lycée du Parc à Lyon (maths sup et maths spé), dont j'ai été éjecté parce que j'avais fondé le FLCP (Front de Libération des Classes Préparatoires, contestation sérieuse sous forme semi-canulardesque), mais à temps pour que je réussisse (1er) le concours d'entrée à l'ENS de St-Cloud, section Physique. Par la suite ça a été moins brillant, mais j'ai quand même fini par obtenir un DEA (= master 2, en novlangue) de physique des particules en 1988.
J'ai été plus ou moins anarchiste et écologiste à partir de l'adolescence; vers le milieu des années 1985 j'ai commencé à me libérer des dogmes qui fondent ces idées – en particulier, du dogme anarchiste central de l'individualisme et de l'égoïsme, et du dogme «de gauche» selon lequel la seule réalité est sociale, donc humaine – et me suis remis à penser aux non-humains, à leur souffrance, et au caractère injustifié de ce que nous leur faisons.
Suite à diverses rencontres, dont celles de Françoise Blanchon et d'Yves Bonnardel, j'ai commencé à militer sur ce thème. Il en est sorti en 1989 la brochure Nous ne mangeons pas de viande pour ne pas tuer d'animaux.
J'ai fondé en 1991 la revue Les Cahiers antispécistes, que j'ai menés pendant plusieurs années avec Françoise et Yves. J'ai aussi fondé en 2001 la Veggie Pride, et en 2002 les Estivales de la question animale. J'ai écrit au fil des ans de nombreux textes, dans les Cahiers et ailleurs, et présenté de nombreuses conférences, aux Estivales et ailleurs. Je suis actif sur les réseaux sociaux, surtout sur Facebook et, depuis 2021, sur Twitter.
J'ai repris sérieusement depuis 2010 l'étude des mathématiques, parce que j'en suis arrivé à penser qu'elles ont à voir avec la structure de l'univers – idée banale – mais aussi que, puisque la sentience fait partie de l'univers, elles ont beaucoup à voir avec la nature de la sentience. J'espère en dire plus prochainement, disons, avant fin 2024.