La nature n'existe pas...

 

La réalité existe, mais la nature, entendue comme totalité organisée possédant une fin et capable de fonder des prescriptions, n'existe tout simplement pas.

Parce que les animaux non humains sont systématiquement perçus par notre culture comme partie de la «nature», ensemble avec les plantes, les cailloux et le reste, toute tentative pour prendre au sérieux leurs intérêts se heurte au dogme du respect quasi-religieux de l'«ordre naturel». Yves Bonnardel, dès 1989, a démonté cette idée de Nature dans «L'Animal, l'Homme, la Nature, la Société: et moi, dans tout ça?» publié dans la brochure Nous ne mangeons pas de viande pour ne pas tuer d'animaux et reproduit ici. Vers la même époque, j'ai écrit «Pourquoi je ne suis pas écologiste», qui fut refusé par la revue écologiste Silence mais publié ultérieurement par les Cahiers antispécistes.

J'y remettais en particulier en cause le dogme de l'harmonie naturelle. Je suis revenu sur ce thème dix ans plus tard dans un débat public, à travers le texte «Contribution au débat à la maison de l'écologie». J'y note les divergences, mais aussi les convergences, entre lutte animaliste et écologie, et j'appelle à l'apparition d'une écologie non spéciste, capable de respecter la planète non pour elle-même mais en tant que maison commune de tous les êtres sentients.

Respecter une maison - reconnaître son importance - ne veut pas dire s'interdire de la transformer. La critique de l'idée de Nature a largement été abordée par Yves Bonnardel et quelques autres antispécistes, dont moi-même, à travers la thématique de la prédation; voir par exemple Steve F. Sapontzis, «Faut-il sauver le lièvre du renard?», publié en 1996 dans le numéro 14 des Cahiers antispécistes, numéro largement consacré à ce sujet. Un article d'un auteur états-unien, Brian Tomasik, «Devrait-on intervenir dans la nature?», reproduit ici en traduction depuis l'anglais, parle de la souffrance des animaux sauvages en général, laquelle ne résulte pas que de la prédation, loin de là.

Enfin, j'ai voulu placer dans cette section l'article que j'avais écrit en 1990 «Sur l'alimentation végétarienne des chats et des chiens», possibilité qui, à l'époque, paraissait extravagante, mais qui aujourd'hui est presque rentré dans les mœurs, au moins pour beaucoup de militants animalistes.

Liste des textes de cette section

  • ↦ (Lien secondaire) Yves Bonnardel, «L'Animal, l'Homme, la Nature, la Société: et moi, dans tout ça?»«Les gens se représentent [la nature] comme un Système, où tout à une place bien définie; chaque chose, chaque être a une fonction dans ce Grand Tout, n'existe que pour et par ce Grand Tout. Ils ne voient pas la nature comme un fabuleux désordre, comme un gros tas de cailloux (la Terre) peuplé d'êtres vivants qui, en tant qu'individus, vivent pour eux-mêmes.»
  • David Olivier, «Pourquoi je ne suis pas écologiste»«La nature, avec ou sans l'homme, n'est pas équilibrée. Elle est le domaine de l'harmonie et de la dissonance, de la continuité et des transformations lentes ou catastrophiques, de la mémoire et de l'innovation.»
  • David Olivier, «Luc Ferry ou le rétablissement de l'ordre» – sur l'ouvrage de Luc Ferry, Le Nouvel Ordre écologique; réponse à une attaque largement basée sur la confusion entre question animale et écologie. «La libération animale ne veut pas nous amener à aller «danser avec les loups». Elle ne veut pas nous faire «prendre les animaux comme modèles»; elle a pour but pratique premier de nous amener à cesser, de façon volontaire et consciente – ce que n'ont jamais fait les loups – de nous comporter en prédateurs.»
  • David Olivier, «Contribution au débat à la maison de l'écologie»« (...) je pense qu'il peut exister une écologie antinaturaliste, une écologie de l'artificiel, de l'innovation, de la liberté, un écologisme antispéciste, qui permette de rassembler une grande part des motivations et élans réels de bon nombre d'écologistes. Je dirai aussi qu'il s'agit, à mon avis, du seul avenir possible pour l'écologisme.»
  • David Olivier Whittier, «Les espèces non plus n'existent pas» – Le concept d'espèce, perçu aujourd'hui comme central en biologie, n'est en fait qu'un ballon essentialiste vide.
  • Brian Tomasik, «Devrait-on intervenir dans la nature?»«Qu'est-ce que tout ceci implique pour les défenseurs des animaux? Je pense que la chose la plus importante que nous puissions faire est de promouvoir l'idée que la souffrance animale dans la nature est un grave problème éthique qui mérite notre attention.»
  • David Olivier, «Sur l'alimentation végétarienne des chats et des chiens»«Pour moi le problème de savoir si c'est naturel ou non de nourrir les chats sans viande ne m'intéresse pas plus que de savoir si c'est naturel ou non de lui faire faire pipi dans une caisse avec du gravier. Ce qui m'importe est de savoir si un chat ou un chien peut être en bonne santé et heureux sans viande; et ceci en gardant à l'esprit que les animaux qui servent à faire la viande, eux, n'ont pas cette chance qu'on se préoccupe de leur bonheur et de leur santé, du moment qu'ils arrivent vivants aux portes de l'abattoir.»

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