Ce texte est la présentation que j'avais faite de mon intervention aux Estivales de la question animale en août 2007.
Autant le système nerveux est au centre de la question animale, autant les connaissances que la grande majorité d'entre nous, qui ne sommes pas spécialistes, avons à ce sujet se résument à un petit ensemble hétéroclite d'idées souvent peu précises et/ou douteuses. Nous savons, ou croyons savoir, que le cerveau est le siège de la pensée, et de la sentience, que les animaux ont un système nerveux mais que les plantes n'en ont pas, que le système nerveux est nécessaire (et suffisant?) pour être sentient, que les humains ont un gros cerveau, plus gros que celui des autres animaux, que les humains et eux seuls ont un cortex, ou peut-être s'agit-il d'un néo-cortex. Nous avons peut-être entendu parler de cerveau gauche et de cerveau droit, de centres du langage ou de la vue, de «cerveau reptilien»... Mais au-delà de ces quelques généralités, la grande majorité d'entre nous, y compris militant-e-s animalistes, ne savons pratiquement rien. Il y a un gouffre entre d'une part notre appréhension du siège matériel de la sentience et d'autre part le vécu subjectif, qu'il s'agisse de notre propre vécu subjectif ou de celui des animaux non humains.
Si nous, non spécialistes, en savons si peu, la faute en revient certainement au moins en partie à l'état des connaissances scientifiques actuelles. Celles-ci ont beau être très riches en faits anatomiques et physiologiques, elles restent très décevantes, pauvres en termes de signification sur le plan de la subjectivité. La science connaît en détail l'anatomie nerveuse d'une mouche, mais ne semble avoir rien à dire quant à ce que peut bien éprouver une mouche, si déjà elle éprouve quelque chose...
L'objet de cette présentation sera de passer d'une ignorance grande à une ignorance légèrement moins grande. Je pense qu'il est utile d'avoir une idée de ce qu'est une cellule nerveuse; de qui a des cellules nerveuses; des différentes formes d'organisation des systèmes nerveux; de qui a un cortex. Avoir une idée de ce que l'on sait, et de ce que l'on ne sait pas. Je ne suis pas moi-même du tout spécialiste du domaine; je suis simplement en train d'essayer d'explorer le grand vrac des connaissances actuelles, et d'y apporter un peu de sens; j'espère partager cela avec vous. Je pense que cela en vaut la peine, même si le résultat est forcément décevant.