Ce texte collectif est la présentation de la brochure Nous ne mangeons pas de viande pour ne pas tuer d'animaux (1989).
Oui, nous ne mangeons pas de viande pour ne pas tuer d'animaux, parce que nous savons, comme chacun sait, que la viande n'est pas un produit banal, que c'est de la chair, comme notre chair, d'un animal qui, comme nous, a vécu, a ressenti des émotions, aurait aimé continuer à vivre, et qui a été tué.
Peu de gens ordonnent directement l'exécution d'un animal pour profiter de sa chair, sauf parfois à la campagne. Le commerce de la viande est fait de façon à ce que l'on ressente l'achat de viande comme un acte banal, le morceau préemballé présenté à l'étalage est déjà mort, ne pas l'acheter ne ressuscitera pas l'animal. Il faut un effort supplémentaire de réflexion pour voir que, dans le fond, si nous mangeons de la viande, c'est à notre demande que l'animal a été tué, que c'est pour nous servir que l'abattoir existe. Si nous mettons du saucisson entre deux tranches de pain, alors l'employé qui égorge le cochon est notre employé, même s'il ne nous connaît pas.
Nous n'acceptons pas le racisme, ni le sexisme, nous n'acceptons pas que l'on justifie de mépriser des êtres sensibles en prétextant que leur statut social est inférieur, nous n'acceptons pas le spécisme (ou espécisme) qui veut justifier cette domination d'une espèce, la nôtre, sur toutes les autres. Et ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de mouvement organisé des animaux eux-mêmes pour lutter contre leur oppression, que nous resterions indifférents à leur sort. Alors, si nous écrivons cette brochure, c'est aussi pour que vous décidiez, si ce n'est déjà fait, de ne plus manger de viande...
L'oppression des animaux ne se retrouve pas que dans la viande; ils sont tellement méprisés qu'ils servent à tout et n'importe quoi: depuis le cuir jusqu'aux supports photo, leur corps mort est partout. Vivants ils servent à tester les produits. Même le lait et les œufs sont produits de leur souffrance. Dans l'état actuel des choses, il est difficile d'échapper entièrement à cela, et chacun de nous réagit à sa manière.
Mais cesser de (faire) tuer des animaux pour sa nourriture, chacun peut le faire. Et c'est essentiel.
Nous sommes principalement cinq personnes à avoir écrit, de manière concertée, les textes qui composent cette brochure. On ne s'étonnera donc pas que ceux-ci puissent être de sensibilité ou de ton différent, ni d'y trouver quelques divergences ou redites.