L'autre visage du Docteur Balluch
L'autre visage? Non, ce n'est pas que derrière le militant animaliste pacifique se cache la figure d'un malfaiteur, comme tentent de le faire croire les autorités autrichiennes - cf. encadré.
L'autre visage? Non, ce n'est pas que derrière le militant animaliste pacifique se cache la figure d'un malfaiteur, comme tentent de le faire croire les autorités autrichiennes - cf. encadré.
La reconnaissance de la sentience des animaux est au cœur des discours du mouvement animaliste. Cependant, nombre de conséquences que l'on veut tirer de la sentience présupposent plutôt une autre notion, celle d'identité personnelle. Le point de vue que je défends est que la sentience existe bien, mais que l'identité personnelle, pour l'essentiel, n'existe pas.
Les militants animalistes pensent généralement que le cartésianisme est dépassé et que de nos jours la science établit sans conteste que les animaux sont sensibles. Or, le statut scientifique de la sensibilité n'a rien d'un acquis. La subjectivité est non seulement absente mais exclue par construction de domaines fondamentaux de la connaissance. La physique - qui se trouve en position de science-mère une fois rejeté le dualisme cartésien - est incapable d'intégrer la sensibilité dans sa vision du monde.
J'ai fini de lire le McGinn la nuit du 25 au 26 décembre, chez mes parents où j'étais pour Noël. C'est un livre qui se lit bien; 231 pages assez peu serrées, annoncé comme destiné au grand public. C'est peut-être en partie pour cela qu'il m'a laissé un sentiment global de manque de rigueur, l'impression de suggérer souvent des idées floues plutôt que d'argumenter des idées précises. En même temps, c'est peut-être inévitable dans le domaine du mind/matter.
Animal Liberation, le livre qui en 1975 a déclenché la remise en question moderne du spécisme, est l'œuvre de l'utilitariste Peter Singer. Jeremy Bentham, le philosophe anglais du XVIIIe siècle qui a fondé l'utilitarisme, est un des premiers à avoir défendu l'égalité animale1. Il y a donc un rapport au moins historique entre l'utilitarisme et le mouvement de libération animale.
— Tu es végane depuis de nombreuses années. Comment en es-tu venu à t'intéresser à cette question?
La sensibilité*, objet central de toute éthique et de toute action, est une réalité du monde. Elle est une réalité en soi, dont l'existence ne dépend pas d'un point de vue; elle en est une réalité objective. Dans la mesure où notre cerveau est fait de matière – dans la même mesure que le sont une table ou un caillou – la sensibilité est une propriété possible de toute matière.
Oui, nous ne mangeons pas de viande pour ne pas tuer d'animaux, parce que nous savons, comme chacun sait, que la viande n'est pas un produit banal, que c'est de la chair, comme notre chair, d'un animal qui, comme nous, a vécu, a ressenti des émotions, aurait aimé continuer à vivre, et qui a été tué.
Notre vie nous paraît semblable à un tunnel aux parois de verre, parcouru en sens unique. Nous avons, pensons-nous, une connaissance directe de la réalité intérieure de notre tunnel, de notre «monde intérieur». De l'autre côté des parois, il y a le «monde extérieur»: une autre réalité dont nous admettons l'existence, parce que nous la voyons; ou plutôt, parce que nous en voyons une partie et tentons de deviner le reste.