identité personnelle

La question de l'identité personnelle et sa pertinence pour la question animale

Texte d'annonce de la conférence

La reconnaissance de la sentience des animaux est au cœur des discours du mouvement animaliste. Cependant, nombre de conséquences que l'on veut tirer de la sentience présupposent plutôt une autre notion, celle d'identité personnelle. Le point de vue que je défends est que la sentience existe bien, mais que l'identité personnelle, pour l'essentiel, n'existe pas.

Prendre au sérieux la critique de l'identité personnelle

La notion d'identité personnelle, c'est-à-dire de la personne comme entité repérable et subsistant dans le temps, est omniprésente dans notre conception habituelle du monde, tant au niveau descriptif que prescriptif.

Cette entité, cependant, paraît incompatible avec une vision physicaliste de la réalité. D'un côté, son support concret quotidien est notre corps matériel; de l'autre, ses propriétés d'atomicité et de permanence temporelle contrastent avec la divisibilité de la matière et le renouvellement permanent des constituants de nos cellules.

Le subjectif est objectif

La sensibilité*, objet central de toute éthique et de toute action, est une réalité du monde. Elle est une réalité en soi, dont l'existence ne dépend pas d'un point de vue; elle en est une réalité objective. Dans la mesure où notre cerveau est fait de matière – dans la même mesure que le sont une table ou un caillou – la sensibilité est une propriété possible de toute matière.

La personne et le tunnel de verre

Notre vie nous paraît semblable à un tunnel aux parois de verre, parcouru en sens unique. Nous avons, pensons-nous, une connaissance directe de la réalité intérieure de notre tunnel, de notre «monde intérieur». De l'autre côté des parois, il y a le «monde extérieur»: une autre réalité dont nous admettons l'existence, parce que nous la voyons; ou plutôt, parce que nous en voyons une partie et tentons de deviner le reste.