éthique

D'une convergence des luttes à l'autre

Lors des Estivales de la question animale 2018 j'ai donné une conférence sur la question de ce qu'on appelle la «convergence des luttes» – c'est-à-dire, l'alliance entre l'antispécisme, l'antiracisme, l'antisexisme et diverses autres luttes contre des oppressions. Mon point de vue est différent de celui que promeuvent la plupart des personnes qui utilsent ce terme. Voici le résumé que j'en avais fait:

Géocentrisme et humanocentrisme

Le remplacement de l’héliocentrisme par le géocentrisme qui débuta avec les travaux de Nicolas Copernic (De revolutionibus orbium coelestium, 1532) ne fut pas que la permutation spatiale de deux corps, la Terre et le Soleil. Il impliquait une transformation fondamentale de notre vision de la physique à toutes les échelles de l’espace et du temps.

Prendre au sérieux la critique de l'identité personnelle

La notion d'identité personnelle, c'est-à-dire de la personne comme entité repérable et subsistant dans le temps, est omniprésente dans notre conception habituelle du monde, tant au niveau descriptif que prescriptif.

Cette entité, cependant, paraît incompatible avec une vision physicaliste de la réalité. D'un côté, son support concret quotidien est notre corps matériel; de l'autre, ses propriétés d'atomicité et de permanence temporelle contrastent avec la divisibilité de la matière et le renouvellement permanent des constituants de nos cellules.

Pourquoi je ne suis pas écologiste

Les écologistes me paraissent en général à la fois déifier la nature et s'en faire une idée très étriquée et figée.

Je suis étonné de voir combien peu de personnes en France dans les mouvements alternatifs ont fait le pas de cesser de consommer de la viande. En manger c'est commanditer la mise à mort d'un être sensible qui vit et qui accorde toute la valeur qu'il peut au seul bien qu'il a, sa vie.

En défense de l'utilitarisme

Animal Liberation, le livre qui en 1975 a déclenché la remise en question moderne du spécisme, est l'œuvre de l'utilitariste Peter Singer. Jeremy Bentham, le philosophe anglais du XVIIIe siècle qui a fondé l'utilitarisme, est un des premiers à avoir défendu l'égalité animale1. Il y a donc un rapport au moins historique entre l'utilitarisme et le mouvement de libération animale.

Les humains sont des animaux

Quand il y a cinq ans j'ai écrit l'article «La moindre des choses» dans la brochure Nous ne mangeons pas de viande pour ne pas tuer d'animaux1, je ne pensais pas que certains lecteurs en concluraient que le combat antiraciste et antisexiste ne me concernait plus. Comme on me demande ci-contre* de relire ce texte, c'est ce que j'ai fait, et je n'ai pas trouvé que je m'y sois mal exprimé à ce point.

Le subjectif est objectif

La sensibilité*, objet central de toute éthique et de toute action, est une réalité du monde. Elle est une réalité en soi, dont l'existence ne dépend pas d'un point de vue; elle en est une réalité objective. Dans la mesure où notre cerveau est fait de matière – dans la même mesure que le sont une table ou un caillou – la sensibilité est une propriété possible de toute matière.

La personne et le tunnel de verre

Notre vie nous paraît semblable à un tunnel aux parois de verre, parcouru en sens unique. Nous avons, pensons-nous, une connaissance directe de la réalité intérieure de notre tunnel, de notre «monde intérieur». De l'autre côté des parois, il y a le «monde extérieur»: une autre réalité dont nous admettons l'existence, parce que nous la voyons; ou plutôt, parce que nous en voyons une partie et tentons de deviner le reste.