Les Cahiers antispécistes

Couverture du numéro zéro des Cahiers antispécistes (septembre 1991).

J'ai fondé les Cahiers antispécistes en septembre 1991, suite à l'expérience que nous – Françoise Blanchon, Yves Bonnardel et moi-même – avions acquise dans la militance animaliste, et suite aux contacts pris avec Peter Singer et avec le groupe de Paola Cavalieri en Italie. Le projet était partiellement inspiré par la revue de Paola, Etica & animali, elle-même inspirée partiellement de Between the Species; il s'agissait pour une large part de traduire et de publier en France la déjà riche littérature philosophique et militante qui existait en particulier dans le monde anglo-saxon.

De fait, nous avons fait, pendant plusieurs années, la revue à trois, Françoise et Yves s'étant rapidement joints au projet. Nous avons réussi à la maintenir trimestrielle jusqu'au numéro 9 (janvier 1994), puis la parution est devenue plus irrégulière.

Il s'agissait aussi de faire une revue plus ouvertement militante que celle de Paola; le sous-titre était «revue de lutte pour la libération animale», puis, à partir du n°10, «réflexion et action pour la libération animale». Le titre, avec sa mise en avant explicite de l'antispécisme, m'avait été un peu inspiré par la revue L'antiraciste publiée par un groupuscule antiraciste maoïste (!), l'UCFML, que j'avais côtoyé.

Dès le numéro zéro, la couverture affichait une définition de l'antispécisme:

Le spécisme est à l'espèce ce que le racisme et le sexisme sont respectivement à la race et au sexe: la volonté de ne pas prendre en compte (ou de moins prendre en compte) les intérêts de certains au bénéfice d'autres, en prétextant des différences réelles ou imaginaires mais toujours dépourvues de lien logique avec ce qu'elles sont censées justifier.

C'est qu'à l'époque les termes «spécisme» et «antispécisme» étaient pratiquement inconnus en France; au point que les gens nous regardaient d'un air bizarre, en demandant «c'est quoi, ces cahiers antiseptiques?». Pourtant, comme le précise l'introduction du numéro zéro, nous ne voulions pas non plus affirmer de monopole sur la lutte antispéciste et animaliste. Le qualificatif «lyonnais» que nous avons mis dans le titre, et supprimé à partir du numéro 10 (septembre 1994), servait à marquer le fait qu'il s'agissait de notre vision à nous – nous avons fini par le supprimer parce quel les gens imaginaient qu'il s'agissait d'une revue régionaliste en plus d'être antiseptique.

La revue s'est dotée vers 1995 de son site web.

J'ai quitté la rédaction des Cahiers en septembre 2004. Je m'en suis expliqué à l'époque dans un mail. La revue a continué, principalement sous la houlette d'Estiva Reus, publiant vingt numéros (du 24 au 43); mais son projet n'était plus le même, à mon sens. Estiva Reus a décidé de clore la revue en 2019. Le site web reste consultable, mais n'est plus mis à jour. Lorsque je parle des Cahiers antispécistes, je me réfère généralement surtout aux numéros qui ont précédé cette rupture, et qui ont développé l'analyse du spécisme, d'un point de vue rationaliste, progressiste et antinaturaliste.

Textes reportés ici

Un certain nombre de textes reproduits sur ce site sont issus des Cahiers: