Il est essentiel que le mouvement animaliste rende clair qu'il n'est pas hostile aux êtres humains; non seulement parce que ceux-ci sont eux aussi des êtres sentients, mais aussi parce que le spécisme est un essentialisme (cf. «Qu'est-ce que le spécisme») et que le regard que nous portons sur les êtres humains ne doit pas être fondamentalement différent, ni en bien ni en mal, de celui que nous portons sur les autres animaux.
En particulier, la sévérité féroce dont beaucoup d'animalistes font preuve envers les humains cruels – amateurs de corridas, mangeurs de chiens, massacreurs de chats, etc. – est le reflet d'une conception de l'être humain comme être supérieur, doué de raison et de compassion, voire créé à l'image de Dieu, opposée aux animaux non humains parfaits par nature quoi qu'ils fassent; et donc le reflet d'une vision spéciste.
J'ai abordé ces sujets d'abord en 1994 dans un article des Cahiers antispécistes, «Les humains sont des animaux», puis dans une conférence en 2016 à l'invitation de l'association PEA, intitulée «Les humains aussi sont des animaux».
Ce thème, ainsi que celui, proche, de la non-haine est aussi abordé dans mon interview par Martin Gibert, «Refonder le progressisme» et dans la conférence que j'ai donnée en 2018 aux Estivales de la question animale, intitulée «D'une convergence des luttes à l'autre», en particulier vers la fin (partie «non-haine»).