Réponse aux critiques de la Société Végane concernant «Les animaux-emballages»

Par David Olivier Whittier

Ce texte a été publié initialement en janvier 2018 sur mon blog d'alors. Il fait suite à un pilonnement incessant de la part de la Société Végane (depuis: Fédération Végane), et tout particulièrement de son président, Constantin Édouard Imbs, contre la notion d'animaux emballages.

Sur une querelle stupide et creuse à l'encontre de mon article «Les animaux-emballages».

Mon article «Les animaux-emballages» publié initialement dans le numéro de mars 2011 d'Alternatives végétariennes, journal de l'Association Végétarienne de France, a connu un franc succès. L'objectif était de lever la gêne ressentie par beaucoup de personnes végétariennes face au besoin de se supplémenter en vitamine B12, en mettant le doigt sur le fait que le régime carniste est lui aussi supplémenté en B12, bien que ce soit de manière indirecte. L'article a ainsi, je pense, enlevé une épine du pied au mouvement animaliste; la référence au concept d'animaux-emballages est devenue une réponse standard dans les débats concernant la viande et le véganisme.

Une version longue des «animaux-emballages» a été écrite peu après, où je précise et développe les mêmes thèmes. L'article est disponible en ligne sur mon site et sur celui des Cahiers antispécistes (version longue respectivement ici et ici).

Pourtant, quelque temps plus tard il a commencé à faire l'objet d'attaques d'une violence croissante non de la part des partisans du statu quo alimentaire, mais de personnes liées à la Société végane (depuis rebaptisée Fédération végane) et de son chef, Constantin Édouard Imbs. Je leur ai répondu à l'occasion dans diverses discussions Facebook, éprouvant une perplexité croissante face aux motivations incompréhensibles de l'attaque et à la vacuité des arguments mis en avant. J'ai fini par décider de rassembler mes réponses en un texte fixe, que voici.

Je prendrai comme référence pour les «arguments» contre mon texte ce qui se trouve sur cette page, dont je recopie aussi le contenu à la fin de ce post. Notons que je n'ai plus accès aux documents du groupe Facebook «Vive la B12!» géré par Imbs, puisqu'il m'en a banni.

Ce texte nous dit que «Les animaux-emballages» accumule les erreurs «dès le premier paragraphe». Notons cette insistance sur l'existence dans mon texte d'erreurs factuelles. Quelles sont-elles?

Première erreur, selon Imbs: le fait de dire que la B12 est «présente dans le lait et les œufs, mais en quantités limitées». Selon lui, ce serait donc faux. Mais en quoi? Parce qu'il n'y en a pas du tout ou au contraire parce qu'il y en a en quantité illimitée? Imbs nous gratifie d'un long tableau indiquant la quantité de B12 dans bon nombre de sortes de viandes et autres produits animaux, tableau dans lequel on trouve bien qu'il y a de la B12 dans le lait et les œufs. Une certaine quantité, mais pas une quantité illimitée; c'est-à-dire qu'il ressort du tableau lui-même que mon «erreur» n'en est tout simplement pas une.

Il faut lire les deux paragraphes qui suivent le tableau pour comprendre que le reproche est en fait que mon affirmation encouragerait les gens à penser qu'ils peuvent subvenir à leurs besoins en B12 en mangeant des produits laitiers et des œufs. En disant qu'il y a dans ces produits une quantité limitée de B12, plutôt que «pas du tout», ou «très très peu», j'encouragerais les gens à manger des produits laitiers et des œufs, et donc à ne pas être véganes.

C'est là une accusation absurde, vu le contexte de la phrase en question dans mon article: «une personne végétalienne doit s'assurer un apport régulier par la prise de suppléments ou d'aliments supplémentés (...). Cela concerne aussi les personnes simplement végétariennes; la B12 est certes présente dans le lait et les œufs, mais en quantités limitées, et beaucoup de végétariens (...) risquent eux aussi la carence.» Ainsi, je n'ai mentionné cette présence – limitée – de B12 que pour dire qu'elle n'est pas suffisante.

En somme, Imbs affirme dénoncer une «erreur», mais en réalité:

  • me reproche d'avoir dit une chose vraie;
  • m'accuse d'encourager les gens, en disant cette chose vraie, à croire qu'en mangeant des produits laitiers et des œufs ils ne risquent pas la carence en B12, alors que mon propos est exactement le contraire.

J'aurais dû, selon Imbs, dire qu'il n'y a pas du tout de B12 dans le lait et les œufs, c'est-à-dire dire le faux, ou très très peu, ce qui est exagéré, et en fait ne l'aurait pas satisfait non plus, comme on va voir à propos de la seconde «erreur».

Seconde erreur: d'avoir dit: «la vitamine B12 (...) est en effet pratiquement absente des plantes». Pourquoi est-ce une erreur? Parce que la B12 est abondante dans les plantes, ou au contraire totalement absente?

Voici ce qu'en dit Imbs: «L'emploi du terme «pratiquement» suggère indirectement que la vitamine B12 n'est pas toujours totalement absente des aliments végétaux.» Donc selon lui, la B12 est totalement absente des plantes? Il ne l'affirme pas, disant à la place: «aucun aliment végétal n'est une source de vitamine B12». Mais l'expression «source de vitamine B12» renvoie, en termes diététiques, à la présence d'une quantité significative du nutriment; dire comme je l'ai fait qu'il n'y a pratiquement pas de B12 dans les plantes c'est la même chose que de dire que les plantes ne sont pas une source de B12. Donc tout en me reprochant de ne pas affirmer que la B12 est totalement absente des plantes, Imbs ne se hasarde pas lui-même à affirmer une telle absence totale; et pour cause, car il est très peu probable qu'il y ait exactement zéro B12 dans les plantes, sachant qu'il y en a bien dans la terre (cf. plus loin), et que les plantes poussent, généralement, dans la terre. Il est vrai que la B12 ne peut être produite que par les bactéries (je le dis d'ailleurs plus loin dans l'article), et donc pas par les plantes, au sens botanique du terme; mais dire qu'il y un nutriment X (du calcium, par exemple) dans une plante n'implique pas qu'elle l'ait produit, mais seulement... qu'il y en a dedans. Au total, la phrase de mon article que critique Imbs est en fait, parfaitement vraie.

L'argument d'Imbs semble surtout porter sur l'opportunité d'avoir dit «pratiquement absente» plutôt qu'«absente»; c'est-à-dire sur l'opportunité d'avoir dit le vrai, plutôt que le faux. En laissant entendre qu'il peut y en avoir quand même, je serais coupable d'encourager les gens à penser qu'ils peuvent obtenir leur B12 simplement en mangeant des plantes (avec la terre autour des racines, par exemple). Mais là encore, cela est diamétralement à l'opposé de la fonction de ce morceau de phrase dans mon texte, qui se poursuit par «une personne végétalienne doit s'assurer un apport régulier par la prise de suppléments (...)». Imbs nous dit comme preuve de la nocivité de mon texte qu'il a eu affaire à quantité de personnes qui, après l'avoir lu, ont cru pouvoir se passer de suppléments. En somme, mon texte est bourré d'erreurs parce que quand je dis une chose Imbs dégotte plein de gens qui ont compris exactement le contraire de ce que je dis.

Troisième erreur: j'ai dit «Dans la nature, les herbivores la trouvent typiquement dans les souillures des aliments qu'ils consomment.» Cela, dit Imbs, est, dans tous les cas, faux: «les herbivores n'obtiennent pas leur B12 des souillures (...) Les herbivores sont tout simplement pourvus d'organes digestifs favorisant une longue fermentation, au cours de laquelle certaines bactéries produisent de la vitamine B12.»

J'admets, cette fois, que le mot «typiquement» est (peut-être) trop fort; je ne sais pas bien si le cas que je décris (où l'animal herbivore obtient sa B12 des souillures des aliments végétaux) est vraiment le cas le plus typique. Ce mot est vague de toute façon, et le cas que je dis typique est un cas fréquent, alors qu'Imbs, lui, dit clairement le faux en affirmant que ce cas ne se produit tout simplement pas.

Les porcs, contrairement à ce que dit Imbs, ne sont pas pourvus d'organes digestifs «favorisant une longue fermentation» et par là la production de B12. Ils ont un besoin absolu d'une supplémentation de leur alimentation en B12, comme en témoigne par exemple l'article «L’importance de certaines vitamines du complexe B chez le porc» auquel je fais référence dans mon texte en version longue. Sachant que les porcs n'ont pas reçu une telle supplémentation avant l'avénement de l'élevage intensif, on ne voit pas où ils ont trouvé leur B12, si ce n'est dans le sol qu'ils fouillaient. Il en va à peu près de même des oiseaux (poules, poulets, dindes...), même si leur source de B12 pouvait comprendre, outre la terre elle-même, des insectes et des vers. À ce propos, Imbs m'accuse d'entretenir «la confusion entre herbivore, omnivore et insectivore»; alors que mon propos n'est pas la classification des animaux, mais simplement le constat du fait que les porcs et les oiseaux sont, de fait, nourris d'aliments végétaux auxquels on ajoute un supplément de B12.

Pour ce qui est des autres animaux que les porcs et les «volailles»: j'indique clairement dans mon article que le cas des ruminants (vaches...) est à part, ainsi que celui des lapins, chevaux et poissons. Il n'y a donc aucune erreur factuelle à mon article à ce sujet.

Imbs semble tenir à affirmer qu'il n'y a pas de B12 dans la terre; il renvoie à des documents sur le groupe Facebook «Vive la B12!» auxquels je n'ai pas accès. Je me contenterai de noter que la présence dans le sol de bactéries qui fabriquent de la B12 est bien connue et ne devrait pas faire polémique. Exemple, cet article sur le site du MIT: «MIT biologists solve vitamin puzzle», qui indique en particulier: «Vitamin B12 is produced by soil microbes that live in symbiotic relationships with plant roots.» («La vitamine B12 est produite par des microbes du sol qui vivent dans une relation symbiotique avec des racines de plantes.»)

Quatrième erreur: j'ai dit «L'alimentation des poulets et autres «volailles» ainsi que des porcs est donc systématiquement supplémentée en B12». Auquel Imbs répond: «Faux: les aliments pour volailles et porcs sont enrichis en vitamine B12 lorsque leurs alimentations sont artificiellement rendues végétaliennes, pratique destinée à réduire les coûts au maximum. Ce n'est donc pas systématique.» En réalité, le contexte de ma phrase, c'est «l'environnement contrôlé et intensif des élevages», où, de fait, l'alimentation est entièrement ou essentiellement végétale, et où de fait on donne systématiquement de la B12 aux animaux. On ne voit donc pas en quoi ce que dit Imbs contredit mon affirmation. Ce qui ne l'empêche pas de commencer sa phrase par un péremptoire «Faux».

Mais Imbs poursuit: «L'apport de vitamine B12 fait alors partie du cocktail de nutriments additionnés en tant que facteurs de croissance». On a là une affirmation centrale de la dent qu'Imbs a contre mon texte: que la B12 qu'on donne aux animaux d'élevage a le statut de facteur de croissance et ne serait pas réellement nécessaire. S'ensuit un laïus sur le fait qu'avant d'avoir proprement isolé la B12, on en parlait en tant que facteur de croissance:

L'apport de vitamine B12 fait alors partie du cocktail de nutriments additionnés en tant que facteurs de croissance, c'est-à-dire favorisant l'obtention du potentiel de croissance le plus rapidement possible (à moindre coût pour augmenter la rentabilité de l'élevage).

Il est bien difficile de comprendre quelle serait la substance de cette affirmation, c'est-à-dire de l'opposition que semble vouloir faire Imbs entre B12 apportée en tant que vitamine et B12 comme facteur de croissance. Les animaux d'élevage sont en permanence en croissance; quand ils ont fini leur croissance, on les envoie à l'abattoir. L'exception, ce sont les reproducteurs, les poules pondeuses et les vaches allaitantes; mais physiologiquement il s'agit là encore de croissance, ou d'anabolisme (production de chair ou d'autres matières animales). De fait, un animal qui manque de B12 est malade (en particulier, anémié) et grandit moins vite (ou produit moins de petits, etc.). S'il n'a pas de B12 du tout, il meurt. Donc la B12 est bel et bien un facteur de croissance, dans un sens trivial, tout comme n'importe quel nutriment. Cela ne constitue pas un rôle différent de son rôle en tant que vitamine. D'ailleurs, dans l'article Wikipedia en anglais sur la B12, on ne trouve pas de mention d'un tel rôle particulier de facteur de croissance; ni dans les articles en allemand ou en italien. On trouve par contre dans l'article en français: «La plus grande partie de cette production (...) est destinée à l'élevage comme facteur de croissance afin d'améliorer sa rentabilité». Cette phrase (sous une forme initialement un peu différente) a fait son apparition dans l'article Wikipedia le 4 septembre 2014 à 15:11, sous la plume d'un certain «Édouard Albert», qui ne fait pas beaucoup mystère de son identité puisqu'il déclare sur sa page d'utilisateur Wikipédia être «Président de la Société végane française». Notons que l'affirmation qu'il a insérée n'est pas sourcée.

De fait, Imbs semble chercher à montrer que la supplémentation en B12 (ou en cobalt) des animaux d'élevage revient à les «doper», plutôt qu'à satisfaire leur besoin vitaminique. Cela est une affirmation fort étonnante: on n'a par exemple jamais rapporté que les enfants à qui on donne beaucoup de B12 grandiraient de manière anormale; au contraire, on insiste toujours (y compris sur les pages de la Fédération végane) qu'il n'y a aucun danger à donner la B12 en excès, alors que les parents préféreraient peut-être bien savoir si leur enfant ne va pas, à l'âge adulte, ne plus passer sous les portes et chausser du 60. Je n'ai jamais entendu parler d'un tel problème non plus pour les chats, y compris les chatons, ou les chiens, ni aucun autre animal...

Mais de toute façon, on ne voit pas en quoi ce genre de considération est pertinente. En tout cas, elle ne rend pas fausse, ni de quelque manière douteuse, l'affirmation de mon article et qu'Imbs prétend critiquer, à savoir que l'alimentation des porcs et des volailles est systématiquement supplémentée en B12. Que sur l'étiquette du mix vitaminique que l'éleveur donne à ses porcs il soit écrit «assure les besoins des porcs en vitamines» ou, de façon plus séduisante pour l'éleveur, «assure une croissance optimale des animaux», ça reste une supplémentation en B12, qui est, de fait, systématique dans les élevages modernes.

Cinquième erreur: «De raccourcis en tour de passe-passe, le texte intitulé «Les animaux-emballages» laisse pourtant bien l'impression que les animaux sont quasiment enrichis pour complémenter indirectement les personnes qui les mangent».

Imbs, donc, a des impressions. Voici le passage de mon texte qui lui les donne:

les végétariens prennent de la B12 fabriquée dans des usines et emballée dans des comprimés. Les personnes qui mangent de la viande, tout au contraire, prennent de la B12 fabriquée dans des usines et emballée dans des animaux.

Cette phrase est littéralement et strictement vraie. Mais Imbs en a après l'«impression» qu'elle donne, et c'est là qu'on arrive à la substance de mon texte, et des objections imbsiennes à son encontre.

Le fond de mon texte est que l'objection qu'on fait au végétarisme selon lequel il implique de se supplémenter en B12 consiste à mettre les gens devant l'alternative «mange de la viande sinon du devras prendre des pilules de B12». On fait alors jouer à la viande le rôle de la chose qui apportera la B12. Or de fait, concernant la B12, cette viande (du moins celle de poulet et de porc, qui sont en kilos les viandes les plus consommées) ne fait qu'emballer la vitamine B12 qu'on a donné aux animaux au cours de leur croissance. En tant qu'apporteur de B12, la viande est ainsi un supplément autant que les comprimés de B12, et d'une B12 qui a aussi la même origine.

Cela ne signifie pas – et c'est là que les «impressions» d'Imbs délirent – que le paysan, en versant son prémix vitaminique dans l'auge de ses porcs, le fait dans l'intention de supplémenter (à son insu) la population française en B12. Une telle idée est tout simplement hors sujet, en dehors du sujet de mon article. Tout comme de fait l'ouvrier d'une usine qui fabrique des crayons ne le fait pas pour que les gens puissent dessiner, mais pour gagner son salaire, l'éleveur n'ajoute pas les vitamines à la ration de ses porcs pour que les gens aient de la B12, mais pour que le porc prenne des kilos et lui rapporte de l'argent quand il l'enverra à l'abattoir. C'est du point de vue de la politique alimentaire publique, et des discours anti-végé, que la viande joue le rôle de B12 emballée (et de bien d'autres nutriments emballés, cf. mon texte, surtout la version longue). Et tout comme on peut dire que les crayons existent pour dessiner non parce que l'ouvrier les fabrique pour qu'on dessine, mais parce que l'utilisateur les achète pour dessiner et que s'il ne les achetait pas, on ne les fabriquerait pas, on peut dire que les animaux d'élevage existent (en particulier) comme suppléments de B12 non parce que l'éleveur les voit ainsi mais parce que celui qu'on a dissuadé d'être végétarien (ou à qui on l'a carrément interdit) consomme la viande pour (en particulier) avoir de la B12 et que s'il ne la consommait pas on ne les élèverait pas.

L'article d'Imbs se termine par de la bile versée sur les antispécistes, bile toujours aussi peu pertinente concernant mon article.

En conclusion: Imbs repère erreur après erreur dans mon article, mais en fait n'en repère aucune; tout ce qu'il affirme faux est vrai, et n'est d'ailleurs pas contredit par ses objections. Tout au plus y a-t-il un mot, «typiquement», qui est discutable. De plus, pratiquement toutes ses critiques sont périphériques à ma thèse, et donnent l'impression d'une volonté acharnée de couper les cheveux en quatre. La réalité est qu'Imbs en a après moi. Pas seulement après moi, d'ailleurs; sa Fédération végane (ex Société végane) qu'il dirige semble détester à peu près toutes les structures et personnes du mouvement animaliste (dont de plus en plus explicitement il s'auto-exclut). Elle s'est rabattue sur la question de la B12, et de l'information à faire auprès des véganes à ce sujet. En soi, c'est là une excellente chose, mais pas le fait qu'elle paraisse vouloir s'attribuer le monopole de ce sujet, voire, faire croire qu'il est le premier à avoir soulevé le problème. C'est sans doute là la source de l'agressivité dont témoigne Imbs à l'égard de mon texte «Les animaux-emballages» et à l'égard de ma personne. Je trouve que c'est une querelle stupide, creuse, qui ne fait, dans la mesure où elle parvient à quelque chose, qu'alimenter les divisions.

Le texte d'Imbs contre mon article:

https://facebook.com/groups/648509318561517?view=permalink&id=1432151486863959

 

FRAUDE: «LES ANIMAUX-EMBALLAGES»

Parmi les textes contraignant régulièrement l'administration à détromper les membres du groupe, l'article intitulé «Les animaux-emballages» (https://donotlink.it/4QkN) accumule les erreurs dès le premier paragraphe:

 

«abondante dans la viande (...) la B12 est certes présente dans le lait et les œufs, mais en quantités limitées» (David Olivier, «Les animaux-emballages»)

 

Exemples pour 100 g selon Ciqual:

• bifteck grillé = 2,7 µg;

• comté = 2,6 µg;

• fromage de brebis (pâte molle et croûte fleurie) = 2,1 µg;

• gigot d'agneau grillé = 1,9 µg;

• petit suisse (nature 0 %) = 1,6 µg;

• œuf cru entier = 1,5 µg;

• entrecôte de cheval grillée = 1,4 µg;

• brie = 0,8 µg;

• lait de brebis = 0,7 µg;

• saucisson sec = 0,7 µg;

• jambon cuit standard = 0,7 µg;

• lardon cuit = 0,7 µg;

• roquefort = 0,6 µg;

• rillettes = 0,5 µg;

• lait de vache demi-écrémé pasteurisé = 0,5 µg;

• Escalope de dinde rôtie = 0,4 µg;

• cuisse de poulet cuite à l'eau = 0,2 µg.

 

La notion d'abondance doit être relativisée, car en dehors des abats (qui sont de moins en moins populaires), les chairs d'animaux terrestres et les produits laitiers peuvent présenter des teneurs proches du microgramme, voire moins.

 

De ce point de vue, l'œuf paraît se placer de manière avantageuse (le jaune surtout: 2,4 µg /100 g), mais il contient également des substances qui inhibent l'absorption de la vitamine B12. La nuance paraitrait anodine si les associations dites de protection animale ne plaçaient pas régulièrement des poules de réforme (suite aux fermetures d'élevages par décision de justice), auprès de personnes adoptantes qui en consomment la ponte (espérant par là même se dispenser de compléments en vitamine B12). Sans jamais grossir les rangs des véganes de l'étude Nutrinet-Santé, ces individus vont droit à la carence avec les meilleures intentions du monde. :(

 

«la vitamine B12 (...) est en effet pratiquement absente des plantes» (David Olivier, «Les animaux-emballages»)

 

L'emploi du terme «pratiquement» suggère indirectement que la vitamine B12 n'est pas toujours totalement absente des aliments végétaux. Précisons donc qu'aucun aliment végétal n'est une source de vitamine B12 (faute de posséder les 30 gènes nécessaires à sa synthèse), même lorsqu'il est souillé par la terre, qui elle-même n'a jamais été une source de vitamine B12 (https://www.facebook.com/groups/veganismevivelab12/permalink/1365382766874165/). Nous ne comptons plus les personnes qu'il nous a fallu détromper, citant «Les animaux-emballages» de bonne foi pour justifier leur consommation intentionnelle de souillures sur leurs légumes:

 

«Dans la nature, les herbivores la trouvent typiquement dans les souillures des aliments qu'ils consomment. Mais dans l'environnement contrôlé et intensif des élevages, cet apport-là est marginal.» (David olivier, «Les animaux-emballages»)

 

Faux: les herbivores n'obtiennent pas leur B12 des souillures, tandis que l'application des règles d'hygiène n'ont pas d'impact sur les apports en vitamine B12. Les herbivores sont tout simplement pourvus d'organes digestifs favorisant une longue fermentation, au cours de laquelle certaines bactéries produisent de la vitamine B12. Positionnées avant l'estomac acide (le fameux rumen des ruminants) ou après (le cæcum des chevaux, marmottes, lapins, etc.), ces sortes de cuves de fermentation n'ont pas besoin que les aliments soient souillés pour produire de la vitamine B12, parce qu'elles contiennent une variété de bactéries productrices en permanence.

 

Au gré des échanges sur le groupe, nous constatons régulièrement que cette phrase maintient le mythe selon lequel l'hygiène moderne ainsi que les pesticides appauvrissent les sols et les aliments, raison pour laquelle des personnes végétaliennes de bonne foi substituent l'absence de nettoyage de leurs légumes bio à la complémentation en vitamine B12.

 

De Charybde en Scylla, l'auteur entretient la confusion entre herbivore, omnivore et insectivore:

 

«L'alimentation des poulets et autres «volailles» ainsi que des porcs est donc systématiquement supplémentée en B12» (David Olivier, «Les animaux-emballages»)

 

Faux: les aliments pour volailles et porcs sont enrichis en vitamine B12 lorsque leurs alimentations sont artificiellement rendues végétaliennes, pratique destinée à réduire les coûts au maximum. Ce n'est donc pas systématique. L'apport de vitamine B12 fait alors partie du cocktail de nutriments additionnés en tant que facteurs de croissance, c'est-à-dire favorisant l'obtention du potentiel de croissance le plus rapidement possible (à moindre coût pour augmenter la rentabilité de l'élevage).

 

Avant d'être découverte à proprement parler, la vitamine B12 avait d'ailleurs été surnommée «G factor» (pour «growth factor»: facteur de croissance), ne sachant pas ce qui, dans le fumier et autres produits d'origine animale donnés à des volailles (dont l'alimentation avait été rendue végétale sous tout autre rapport), permettait d'obtenir un meilleur rendement.

 

À l'état naturel, la chair de ces animaux contient de la vitamine B12 sans que leur alimentation ait jamais été enrichie, pour 100 g selon les USDA Food Composition Databases:

• sanglier sauvage rôti  = 0,7 µg;

• rôti de cochon domestiqué = 0,6 µg;

 

• chair de canard sauvage = 0,8 µg;

• chair de canard domestiqué = 0,4 µg.

 

Il n'est donc question, dans les élevages industrialisés qui utilisent ces cocktails de nutriments, que d'augmenter la rentabilité de leurs productions en végétalisant la ration des animaux omnivores ou insectivores (moindre coût). De raccourcis en tour de passe-passe, le texte intitulé «Les animaux-emballages» laisse pourtant bien l'impression que les animaux sont quasiment enrichis pour complémenter indirectement les personnes qui les mangent:

 

«les végétariens prennent de la B12 fabriquée dans des usines et emballée dans des comprimés. Les personnes qui mangent de la viande, tout au contraire, prennent de la B12 fabriquée dans des usines et emballée dans des animaux.» (David Olivier, «Les animaux-emballages»)

 

La vitamine B12 qu'ont toujours contenu les produits d'origine animale du monde sauvage n'a jamais été «emballée» dans le corps desdits animaux pour complémenter indirectement les personnes qui les mangent... Les sources de vitamine B12 accessibles à l'état sauvage pour notre propre espèce (dépourvue de crocs et de griffes de chasse) sont les petits animaux malhabiles et riches en B12, comme les escargots et limaces, les larves de termites et autres insectes, les petits crabes et les coquillages qui jonchent les rivages, mais qui a emballé la vitamine B12 dans les vers de terre? Personne, et celle qui est administrée aux animaux omnivores et insectivores parfois rendus totalement végétaliens dans les élevages industriels, permet d'augmenter la rentabilité des élevages, pas de complémenter les populations indirectement. L'équation est simple:

 

PAS DE SOURCE DE B12 = PAS DE PRODUIT ANIMAL

 

Si de tels glissements sémantiques font encore recette parmi les groupes qui se revendiquent de l'antispécisme (jusqu'à Singer, qui n'a manifestement rien compris à la vitamine B12: https://www.facebook.com/groups/veganismevivelab12/permalink/877814468964333/), c'est parce qu'ils renforcent l'illusion d'une discrimination arbitraire envers les autres espèces (https://www.societevegane.fr/documentation/pourquoi-etre-vegane/specisme-antispecisme-et-carnisme/).

 

Faute d'organe digestif capable d'accueillir une production de B12, la condition nutritionnelle obligatoire de l'espèce humaine était pourtant bien de manger des produits d'origine animale, condition dont nous pouvons désormais nous affranchir grâce à la maîtrise de la production bactérienne de la vitamine B12. Vivre en accord avec sa conscience n'est plus un luxe hors de portée, il ne suffit plus que d'un tout petit peu de vitamine B12 pour laisser notre empathie s'exprimer. <3

 

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Mille mercis à Melanie Cusin de son aide pour corriger le texte.